"Le pouvoir est maudit, c'est pourquoi je suis anarchiste."
(Louise Michel)

France 2016 : les expulsions au temps de l’austérité

Posted: mars 17th, 2016 | Author: | Filed under: Textes du GAB | Tags: , , , , , , , | Commentaires fermés sur France 2016 : les expulsions au temps de l’austérité

sanspap

Depuis l’été 2016, les pays de l’Union européenne constatent une forte augmentation du nombre de réfugié.es en provenance de Syrie. Pour « soulager » certains pays, notamment l’Allemagne, débordés par l’afflux subit de migrant.es, le gouvernement français propose d’accueillir 24 000 réfugié.es (Libération, 7 septembre 2015). Pourtant, dès le départ, l’opération ne se déroule pas comme prévu. Les bus envoyés à Munich pour ramener d’urgence 2 000 personnes rentrent à moitié vide en France. L’institut statistique européen Eurostat confirme que les réfugé.es syrien.nes s’orientent massivement vers d’autres pays d’accueil : « En Allemagne, on comptabilise pratiquement 100 000 demandes d’asile, en Hongrie on est à 65 000, en Suède à 40 000 et même des pays comme la Bulgarie, le Danemark, la Belgique et l’Espagne ont accueilli aujourd’hui plus de réfugié.es syrien.es que la France. C’est à peine 1.3% des demandes d’asile de Syrien.nes qui sont effectuées en France, qui se place en onzième position sur les 28 pays de l’Union européenne. (D’après Vincent Bourgeais, porte-parole d’Eurostat, sur France Inter, le 12 février 2016).

Loin du scénario catastrophe dressé par la droite (PS et Républicains) et l’extrême-droite (autres Républicains, FN), aucun afflux massif de migrant.es ne s’est produit. Comment expliquer que les réfugé.es syrien.nes « boudent la France » ? (également entendu sur France Inter le 12 février 2016).
Parmi les principales explications (avec la faiblesse numérique de la communauté syrienne en France), la qualité déplorable de « l’accueil »  réservé aux réfugé.es en France :

  • extrême lenteur du traitement des dossiers de demande d’asile ;
  • interdiction de travailler pendant l’examen du dossier ;
  • absence de prise en charge concrète des demandeur.es d’asile
  • deux tiers d’entre elles et eux sont SDF ou vivent dans des squats.

De fait, les Syrien.nes savent très bien ce qui les attend en France : « L’Allemagne a accueilli un million de personnes en 2015 et il n’y en a pas un qui vit sous une tente, dans la boue, sans médecin et sans eau courante, comme c’est le cas à Calais ou à Grande-Synthe. Ils ont tous leur smartphone, ça va hyper vite sur les réseaux sociaux et ils vous disent tous que la France a mauvaise réputation. » (Verena Von Derschau, France Inter, 12 février 2016).

C’est peut-être la politique d’expulsion la plus économique que l’on puisse imaginer (vive le redressement des finances publiques !) : finis les charters, les reconduites à la frontière et autres coûteuses opérations policières. On met les réfugé.es dans des conditions matérielles si déplorables qu’ils et elles finissent par « s’auto-expulser » en quittant la France pour des pays d’accueil un peu moins hostiles. Il faut dire que les derniers gouvernements ont travaillé dur, main dans la main avec une remarquable constance dans leurs politiques d’accueil  ou plutôt de dissuasion  pour parvenir à ce résultat.

Bon, si vous connaissez un peu le GAB, vous vous doutez bien qu’on ne va pas terminer ce texte en revendiquant l’augmentation des reconduites à la frontière et des expulsions à coup de charter ! Au contraire, en attendant l’abolition des frontières, la liberté de circulation et d’installation, nous exigeons que toutes les personnes se trouvant en France comme ailleurs puissent vivre dans des conditions dignes, ce qui signifie à minima qu’elles aient un toit sur la tête (ni en toile, ni en carton !) et qu’elles ne subissent plus de harcèlement bureaucratique !